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Monographies des villes et villages de France
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1796, "CHAMP-DES-MARTYRS (Histoire du)", "l'abbé F. Uzureau", "1999, réimpression", "Format 14 X 20.", 184, "", 4, "En juin 1789, l'Assemblée constituante décrète la suppression du Clergé comme ordre politique ; le 2 novembre 1789, elle le dépouille de tous ses biens ; en avril 1790, la religion catholique cesse d'être la religion d'État, et n'est plus qu'une simple société religieuse à côté du protestantisme et du judaïsme ; le 12 juillet 1790, la Constitution civile du Clergé est votée. Le 27 novembre 1790, les prêtres doivent prêter serment, ce qui va transformer la résistance en un devoir sacré. Dans la Vendée angevine, le refus de la population est total. « La persécution commence. Elle sera impitoyable. Après la prison, viendront les déportations, les échafauds, les massacres, les noyades, et les fusillades ». C'est le soulèvement de la Vendée. L'armée vendéenne est écrasée le 16 octobre 1793 à Cholet. On assiste à la fuite de 80 000 paysans, d'hommes d'église, nobles, qui passent la Loire. Hentz et Francastel sont nommés représentants du peuple à Angers. C'est le début d'une impitoyable répression.
Angers fut la seule ville où les « jugements par F. » (fusillade) marchèrent de pair avec la guillotine de manière aussi intensive. Ils étaient assez sommaires : « nom, prénom, âge ; domicile ; as-tu passé la Loire ? As-tu été à la messe des prêtres réfractaires ? » Répondre oui à une de ces questions signifiait être fanatique, donc condamné à mort. Attachés deux à deux pour les plus valides, entassés dans des charrettes pour les malades et les infirmes, ils traversaient la ville. Un capitaine de gendarmerie témoigne « une des femmes à pied tomba évanouie dans une ornière ; on coupa de suite la chaîne, et on la jeta sur les autres malades comme un paquet de ligne sale. Arrivés sur le terrain, on les jeta dans le trou avec le peu de vie qui leur restait, et on leur tira dessus. Mon coeur se refusa à voir le reste du spectacle, mais je crois que plusieurs furent enterrés vivants ! Quant à la fusillade qui avait précédé celle dont je viens de parler, plusieurs de ces malheureux furent manqués, et l'on vit l'escorte se jeter sur ceux qui remuaient encore, les achever à coup de sabre et de baïonnette et leur casser le crâne à coups de fusil ».
L'auteur cite des comptes rendus de jugements, d'arrestations, de condamnations : la liste de noms est longue (plusieurs centaines de personnes sont ainsi répertoriées). Le carnage fut total.
En 1795 la Terreur est passée, et un véritable pèlerinage s'installe sur le Champ-des-Martyrs : des milliers de personnes viennent prier pour un ami, un parent, un voisin, un compagnon de captivité, sauvagement assassiné sur ces lieux. On parle de martyrs, mais aussi de miracles sur ce sanctuaire en pleine nature. Une croix de bois est plantée. Après moult vicissitudes, le 29 juillet 1852, la chapelle enfin construite est bénite. Au début du XXe siècle, un millier de messes seront célébrées chaque année dans la chapelle.
Voilà, comment, sous la Terreur, près de 2 000 personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards, de toutes conditions sociales, furent jugés, massacrés, puis vénérés sur le Champ-des-Martyrs.
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