2754, "MENUCOURT. Un village du Vexin français pendant la Révolution (1789-1799)", "Denise, Maurice et Robert Bréant", "2010, réimpression de l'ouvrage paru en 1892", "Format 14 X 20. 166 pages", "20e", "", 4, "Le paisible village de Menucourt entre dans l'histoire de la Révolution au début de l'année 1789. Le 24 mars, les délégués du tiers état élisent, au premier tour, Joseph Germiot, laboureur à Menucourt et fermier de la ferme seigneuriale de Jean-Pierre Chassepot de Beaumont. Il fut à cette occasion préféré à un homme de loi et un homme d'autorité : « c'est un triomphe pour Menucourt ». L'élu s'acquitta scrupuleusement de son mandat et siégea à Versailles puis à Paris jusqu'au 30 septembre 1791, date de la séparation de l'Assemblée constituante. Les doléances des habitants ne dépassaient pas le cadre du village. Les paysans se plaignaient de la lourdeur des impôts, et en particulier de la taille et de la gabelle, de l'interdiction qui leur était faite de chasser le gibier qui pullulait et qui détruisait tout, et des servitudes qui pesaient sur les pratiques culturales. Ils attendaient des états généraux une solution au grave déficit financier de la France et un soulagement pour les plus pauvres. Les registres de Menucourt ne conservent aucune trace de mouvements violents ou de condamnés à la guillotine. Les premières mesures prises par la Constituante sont approuvées : la réforme du système des impositions, la mise à disposition de la nation des biens du clergé, la naissance de la monarchie constitutionnelle, les réformes administratives. Mais avec la fuite du roi, l'entrée en guerre, l'insurrection du 10 août 1792 et la proclamation de la République, tout bascule. L'instabilité s'installe et les mesures répressives se multiplient. Á Menucourt, les habitants sont conditionnés par des événements qui les dépassent : on se dispute la mairie, et pas toujours pour se dévouer au public ; les tensions, les règlements de compte, les jalousies et les coups bas prolifèrent. Les exigences de Paris pèsent lourdement : la ville doit fournir des « volontaires », de l'argent, du plomb, des grains. La patrie en danger ne suscite guère l'enthousiasme : le nombre des mariages souvent précipités avec des vieilles filles laissées pour compte donne une idée du patriotisme ambiant. Á la veille du XIXe siècle, le petit peuple de Menucourt vit toujours durement. Il a acquis les libertés publiques, une certaine égalité devant l'impôt, mais le transfert des richesses ne s'est fait qu'au profit d'un petit nombre, commerçants, artisans et surtout paysans. Quant aux journaliers, il faudra attendre près de deux siècles pour qu'une certaine égalité et la liberté deviennent effectives. |