2764, "RUFFEY-LÈS-BEAUNE (Monographie de la commune de)", "Pierre Joigneaux", "2008, réimpression de l'ouvrage paru en 1888", "Format 14 X 20. 212 pages", "26e", "", 4, "« J'ai réuni tout simplement mes souvenirs personnels et ceux des hommes de mon temps qui étaient déjà des vieillards quand je n'étais encore qu'un enfant ». Il est vrai que Pierre Joigneaux propose un ouvrage très personnel, où la tendresse de l'auteur pour cette commune et ses habitants se mêle à des convictions politiques qui lui dictent souvent ses commentaires. Le livre n'en est que plus attachant et proche d'une réalité quotidienne qui lui donne toute sa valeur de témoignage. En feuilletant cet album de souvenirs, le lecteur surprendra les habitants dans leur quotidien, accrochant leur couteau à leur ceinture - chacun avait le sien, qui différait en fonction de l'âge et du sexe de l'utilisateur - ou contemplant les images d'Épinal qui décoraient leurs humbles demeures. Les conditions sanitaires étaient bien éloignées de celles des villes et l'auteur souligne, outre l'ignorance qui générait des situations à hauts risques, l'inégalité des moyens de lutte contre les infections entre les classes sociales. Il en résulte des recours aux empiriques et autres commères ; l'usage des plantes médicinales était alors l'aboutissement d'un acte de solidarité de quelques-uns qui, savants sur la question, récoltaient les plantes bénéfiques pour en faire profiter les plus ignorants, en dehors de toute spéculation financière mais avec pour récompense une autorité certaine. Quand l'auteur évoque l'école du village, il le fait avec nostalgie et ironie, mais sans aucune animosité envers ces maîtres dont l'incompétence était flagrante, mais qui se targuaient d'avoir formé députés, notaires et autres libraires : « Louis Jacotot ne savait pas le premier mot des règles de l'orthographe, on peut s'en convaincre à la lecture de ses procès-verbaux d'arpentage et de bornage. Ses confrères des communes voisines (...) étaient aussi incapables que lui ». Le clergé est aussi source de commentaire, mais devant le peu d'influence du curé Bigarne sur ses paroissiens, l'homme d'extrême gauche qu'était Pierre Joigneaux ne peut que s'amuser de son avarice, des mensonges contés pour obtenir l'absolution lors de la confession, du peu d'empressement des fidèles à participer aux offices ou à sauver de l'incendie la maison du curé car il passait pour « assez riche pour la faire rebâtir »." |